jeudi 15 avril 2010

Goudron mouillé

J'veux disparaître de vos mémoires.
Juste errer dans vos vies, comme un étranger
auquel on sourit à peine.
L'genre de gars qu'tu croises, mais qu't'oublies quand y sort du cadre.
Même pas besoin de s'retourner là.
M'effacer doucement.

C'est le printemps dehors. Y'arrive par la porte patio.
D'main, j'vais grimper sur mon toit pis rester là.
Couché dans neige chauffée par l'soleil.
Pis attendre.
Un Carpe Diem de peut-être, de si jamais.
Rien faire, comme d'habitude. Pas croire au Destin, mais attendre pour vivre.
Qui se passe de quoi.
Croire que parce que personne t'aimes, y'a plus d'amour.
Que parce que tu t'sens prisonnier, que nécessairement la liberté s'cache ailleurs.
Que parce que t'es tout seul, qu'ya plus de tendresse.
Que parce que rien marche, ça vaut plus la peine.
Belle affaire.
C'est ben moi.

Su'l toit, au moins, j'vais pouvoir dealer avec une seule affaire.
Respirer. Penser.
Ça fait deux, mais y s'font bien ensemble anyway.
Dans vie, j'pas capable. L'antipode du multitasking émotionnel.
Vivre une émotion comme des oeillères givrées.
Ouais.
Inactif, débranché, inutile pour le reste.

J'm'ennuie parfois des matins de quartier d'orange pis d'pains dorés.
Entendre des pattes griffées sur le carrelage pis des rires au-dessus de ma tête.
Anyway, la nostalgie, c'est bon pour les gardiens de phare.
Un couteau à steak tendu du bord d'la lame.
J't'assez gauche de même.
Non merci.

J'vais me dire que ça sert à rien de s'apitoyer.
Rendu là, tu sers plus à rien.
C'est comme mourir. Non.
Plutôt comme arrêter de vivre.
C'pour ça que j'veux parler tout seul sur mon toit.
J'ai juste à m'imaginer que j'parle à personne.
Tout seul d'vant mon mur.
Complétement chaud, pour m'enfuir.
''Shooter tylenol pour que tu fasses clasher mes sens''
Pis avoir mal à tête demain.
Et retourner courir comme un hamster dans même roulette russe.
(Au moins j'vais avoir ri.
J'vais m'être réchauffé.)

Après j'vais m'saouler dans musique.
Même si j'ai plus d'cordes.
J'vais faire semblant d'jouer.
Faire semblant de faire plaisir à quelqu'un.
Pour me faire sourire.
Après,
Faire semblant que j'suis le même gars.
Faire semblant qu'je suis ben là-dedans
Faire semblant de dormir mes nuits paisiblement
Pis de manger avec appétit.
Mais j'aurais personne à qui vraiment l'avouer.
J'vais m'asseoir sur le bout de mon lit.
Mon cerveau va égratigner un tableau avec ses ongles.
Mes nerfs vont se raidir.
Mon visage : poker face. Comme lady gaga.
Mais mes joues en soupe Lipton vont me trahir.
Anyway, j'ai le rhume... maladie réconfortante.

C'est ça les vicissitudes. Super ordinaire.
Faut pas tout lire.

Tout seul. De même. «Seul ensemble», comme Bélanger.

Mais j'sais très bien qu'le lendemain, j'vais r'gretter.
Parce que se sentir seul, ça peut être l'asile.
Et parce que le temps s'ra long.

Non?

Oui.

À d'main, alors.

Écrit : autour du 15 mars 2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire